
Du miel bio ? Comment c'est possible ?
C’est par conviction que j’ai choisi de m’installer directement en apiculture biologique. Le bio en apiculture fait sourire certaines personnes… Tous les miels seraient-ils bio ? Je vous explique la spécificité du miel bio.
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En bio, on veillera à bien choisir les zones de butinage
Les abeilles butinent dans un rayon de maximum 3 km autour de la ruche. Le cahier des charges de l’apiculture bio impose que cette zone de butinage soit composée de flore spontanée (bois, prairies naturelles, etc.) ou de parcelles cultivées en bio. Et si des cultures non bio s’y trouvent, il faut s’assurer qu’elles sont largement minoritaires et qu’elles ne présentent pas d’intérêt pour l’abeilles. Bref, un petit champ de blé à 2 km ne posera pas de soucis mais il ne sera pas toléré que les abeilles soient placées près d’un champ de colza, de tournesol ou d’une autre culture mellifère non-bio. Le Lot est très préservé et La forêt occupe la majorité de l’espace. Il est facile d’y trouver de bons spots pour placer les ruchers.




2. Les cires données aux abeilles seront de qualité bio.
L’apiculture aide ses abeilles en apportant des « feuilles de cire ». C’est sur ces dernières qu’elles vont construire leurs rayons, élever le couvain (leurs bébés) et stocker le miel. Les cires utilisées en conventionnel sont souvent contaminées par de la chimie de synthèse que les abeilles ramènent en butinant ou que l’apiculteur place dans la ruche pour lutter contre le varroa. Une étude de l’ADA Aura a montré qu’on pouvait trouver jusqu’à 18 pesticides différents sur un même lot de cire. Conséquences : mauvaise santé des abeilles et risque de contamination du miel.
Certaines cires industrielles sont coupées à la paraffine ou avec d’autres corps gras comme de la graisse de bœuf ou de la cire végétale… pas top.
Dans mon cas, j’achète un peu de cire à des collègues en bio (en attendant d’être autosuffisant…) et, surtout, je fais confiance aux abeilles en leurs laissant construire leurs propres rayons. Je mets une petite amorce de quelques cm et elles construisent le reste toutes seules 😊 Une véritable magie.
5 jours plus tard... :)
3. Lutter contre le varroa... mais pas n'importe comment !
Le varroa est un petit acarien tout droit venu d’Asie et qui vampirise nos abeilles depuis les années ’80. Il se place sur le dos de l’abeilles pour se nourrir de ses corps gras en perçant sa cuticule (peau). Résultats : des abeilles affaiblies et qui tombent plus rapidement malades. Sans intervention, une colonie a une durée de vie de maximum 2 ans.
Pour gérer cela, certains mettent des pesticides dans la ruche… En apiculture bio, il est interdit d’utiliser ce type de produits. Nous devons avoir recours à des acides tels que l’acide oxalique qui n’ont pas d’impact pour l’abeilles et qui ne sont pas susceptibles de contaminer le miel. La charge de travail est plus lourde qu’en apiculture conventionnelle mais les colonies s’en portent mieux.


4. Le « nourissement » des abeilles
Parfois, l’apiculteur apporte du sucre pour sauver une colonie en situation de famine ou pour aider un jeune essaim en cours de développement. Cela dit, c’est un peu fou de penser qu’en conventionnel, certains utilisent deux tonnes de sucre (souvent importé) pour produire une tonne de miel.
Le cahier des charges de l’apiculture bio impose à l’apiculteur de mettre tout en œuvre pour que les abeilles puissent passer l’hiver avec leurs réserves de miel. Il n’est pas question de tout leur prendre et de remplacer à 100% par du sucre.
La majorité de mes ruchers permettent à mes abeilles de trouver du nectar toute l’année. La dernière miellée, celle du lierre, est à 100% laissée aux abeilles.
Et, bien entendu, si on doit utiliser du sucre il sera issu de la filière bio !

Ruches passées l'huile de lin chaude... efficace, écologique et les abeilles adorent !!!
5. Le logement des abeilles
A l’état sauvage, l’abeille se loge principalement dans les cavités des troncs d’arbres. Par la suite, l’homme a imité cela en construisant des ruches troncs ou des ruches paniers. Promis, un jour, je vais me construire une jolie « ruche tronc » mais c’est quand même plus pratique de travailler avec une ruche moderne. J’utilise principalement la ruche Dadant et j’ai aussi une petite expérience en ruche Warré... Elle reste ma ruche de coeur 😉
En bio, les ruches doivent être en bois et la peinture sera d’origine naturelle (j’utilise principalement de l’huile de lin). Bref, les ruches en plastiques sont interdites ainsi que les peintures aux origines douteuses.
6. Pas de mutilation en bio !
Le bio attache une grande importance au respect du bien-être animal. Beaucoup d’apiculteurs se permettent de couper une aile à la reine pour éviter qu’elle essaime… pratique répugnante et formellement interdite en bio. Sur la photo, la reine a un petit point rouge sur son dos. L’objectif est de faciliter le travail en étant capable de trouver facilement la reine mais aussi de connaître son âge. Une couleur est attribuée à chaque année. Le jaune pour 2022, rouge pour 2023, etc. Cette pratique est autorisée en bio afin de pouvoir mettre la reine en sécurité lors d’opérations délicates. La mort de la reine signifie celle de la colonie.


Alors, oui… certains apiculteurs vous diront qu’ils font « comme en bio ». Mais, dans les faits, les produits de synthèse sont largement utilisés pour lutter contre le varroa. Les abeilles sont souvent nourries avec du sucre de mauvaise qualité après avoir pris la totalité de leur miel. Leurs abeilles butinent au milieu de cultures intensives et sont en contact permanents avec des molécules qui ne leurs font pas du bien. Et beaucoup d’abeilles sont logées dans des ruches en plastique qui sont loin de leur habitat naturel.
La labellisation bio nécessite de passer par un organisme (Ecocert dans mon cas) qui contrôle mon travail et garantit que je mets en place de bonnes pratiques. Chaque année, je suis contrôlé une à deux fois et des visites surprises sont courantes ... Ce processus de labellisation garantit que je mets en pratique mes belles paroles !!!